21 janv. 2013

Education : Un fichier automatisé pour payer à temps les salaires des corps émergents

Le traitement des salaires des corps émergents est automatisé grâce à une base de données unique accessible par interface Web dans les Inspections d’académie et les Inspections départementales de l’Education. Une étape décisive dans la résolution des retards de paiement des salaires de cette catégorie d’enseignants.
C’est un grand pas franchi dans le paiement des salaires des volontaires, vacataires, contractuels et maîtres-contractuels qui, souvent, étaient obligés d’aller en grève ou de faire des débrayages pour percevoir leur dû. Le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, a noté cette avancée dans la gestion des salaires des corps émergents, un des principaux motifs des grèves cycliques dans le système éducatif. « Le traitement automatisé est un premier pas vers la solution aux retards de paiement des salaires des corps émergents. Nous voulons qu’au meilleur des cas, tous les salaires soient payés à temps et, au pire des cas, que tout risque de retard soit décelé à temps pour être traité dans les meilleurs délais ou que les concernés soient avertis », a indiqué le ministre. 
Il se prononçait lors de la clôture de l’atelier de 5 jours dédié à l’automatisation de la gestion des salaires des corps émergents organisé par la direction de l’administration général et de l’équipement (Dage) du ministère de l’Education nationale et qui avait réuni les 28 chargés d’opérations financières et gestionnaires des 14 Inspections d’académie du Sénégal. Pour lui, la question cruciale du paiement des salaires est un défi important pour le Sénégal car, au-delà de sa dimension humaine et des conséquences sociales pour les enseignants qui en souffrent, elle met en jeu la crédibilité du Gouvernement. « Le salaire est un droit, certainement le droit le plus élémentaire pour un travailleur. Un salaire en retard, c’est une famille en détresse, c’est l’image dégradée d’un enseignant moins productif parce que sans motivation, c’est une perturbation en puissance du système éducatif au détriment de l’intérêt des apprenants, c’est un Etat placé dans une position inconfortable », a avancé Serigne Mbaye Thiam.
Le salaire, un droit
Selon lui, l’importance de l’automatisation des salaires des corps émergents doit être mesurée à l’aune de l’acuité et des conséquences du problème qu’il est appelé à traiter définitivement. En outre, cette initiative marque la détermination du gouvernement à trouver une réponse structurelle à la lancinante question des retards de salaires.  
Ce nouvel outil, qui met un terme à la paperasserie et aux missions de terrain, est une première réponse aux retards dans le paiement des salaires. Mais, comme toute nouvelle solution, elle demande un minimum de temps d’expérimentation et d’évaluation en vue d’éventuelles mesures correctives. Le ministre a averti qu’il se pourrait qu’il y ait encore quelques retards durant les premiers mois de cette nouvelle procédure de traitement des salaires. Il a annoncé que l’atelier fera l’objet d’une journée d’évaluation avec tous les acteurs de la chaîne de traitement et de paiement des salaires et indemnités des corps émergents en vue de l’étendre à tout le sous-secteur de l’enseignement.
Le directeur de l’administration générale et de l’équipe du ministère de l’Education nationale, Cheikh Gaye, a rappelé que la mise en place de cet outil, au-delà du fait qu’il permet de payer les salaires à temps, obéit à un fort besoin de maîtriser la gestion du circuit des finances publiques. 

2.302 vacataires recrutés entre les deux tours de la présidentielle de 2012
L’année dernière, 5.987 enseignants ont été recrutés dont 2.302 vacataires entre les deux tours de la présidentielle de 2012 alors que les besoins étaient de 810 enseignants, a révélé le ministre Serigne Mbaye Thiam.
« Pour l’année scolaire 2011-2012, le ministère de l’Education nationale a recruté 5.987 enseignants dont 2.302 vacataires entre février et avril 2012, multipliant ainsi par plus de 7 l’autorisation de recrutement de 810 enseignants qui lui a été accordée », a dévoilé le ministre de l’Education nationale lors de la clôture de l’atelier sur l’automatisation des salaires des corps émergents. Mieux, il a ajouté qu’entre 2000 et 2010, des taux de recrutement de 135% pour les vacataires et de 104% pour les volontaires par rapport aux prévisions du Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef) ont été enregistrés. Ces dépassements constants des prévisions de recrutement combinés à une insuffisante maîtrise des effectifs des enseignants constituent, selon le ministre de l’Education nationale, la première cause des retards de paiement des salaires des enseignants, particulièrement des corps émergents. 
La deuxième cause, corrélée à la première, réside, selon le ministre, dans les difficultés de maîtrise de la masse salariale au regard des ressources financières dont dispose le Sénégal. « Cette masse salariale est si importante qu’elle absorbe la quasi-totalité du budget du ministère (306 milliards sur un budget de 352 milliards de FCfa en 2013) », a-t-il indiqué. 
L’autre cause et non des moindres qu’il a soulignée, est relative aux « négligences et aux lenteurs » de certains intervenants de la chaîne de traitement. Et c’est pour s’en désoler. « Ces gens n’ont pas encore pris la pleine mesure des conséquences de leur légèreté et de leur nonchalance sur le droit au salaire et à temps d’un travailleur. Les responsables de tels actes seront désormais sanctionnés », a-t-il averti. Néanmoins, M. Thiam a indiqué qu’il ne faut pas négliger les causes conjoncturelles qui peuvent justifier certains retards, notamment dans le paiement des indemnités liés aux examens. « L’organisation de deux sessions du Bfem en 2012 ne pouvait pas être anticipée au moment de l’adoption du budget de 2011. Ce qui a obligé le Gouvernement à inclure une partie des dépenses induites par cette circonstance imprévue dans le budget de 2013 », a-t-il donné à titre d’exemple. Le ministre de l’Education nationale a assuré que des mesures seront prises pour apporter des réponses adéquates mais aussi pour restaurer l’image d’un « Etat qui assume convenablement ses obligations à l’égard de ceux qui traduisent en acte sa mission d’éducation des enfants de la nation ».

Tous les diplômés entrés à la Fastef par voie de concours ont été recrutés, selon le ministre
Sur la question des sortants de la formation payante de la Fastef, le ministre Serigne Mbaye s’est voulu on ne peut plus clair. Pour lui, seuls ceux qui ont réussi le concours d’entrée sont en droit de réclamer un recrutement.
 « Je voudrais régler définitivement cette question. Quand la Fastef était encore Ecole Normale Supérieure, on lançait un concours et l’Etat, sur la base de l’expression de ses besoins, avait l’obligation morale de les recruter. En devenant une Faculté, elle a changé de statut. Chaque année, elle organise un concours pour le recrutement d’étudiants qui vont être formés et versés dans l’enseignement. Ceux qui sont admis au concours bénéficient d’une bourse de l’Etat et quand ils sortent, on les recrute. C’est le cas de tous ceux qui sont entrés à la Fastef par voie de concours. À côté de cette formation publique, la Fastef organise ce qu’on appelle dans les universités « les fonctions de services », c’est-à-dire on permet à des étudiants qui ne sont pas admis au concours de faire la formation payante. C’est le cas à l’Esp, à la Faseg pour l’Iface », a expliqué M. Thiam. Et le ministre de se demander : « En quoi donc, les gens qui ont payé pour suivre la formation à la Fastef, ont plus de droit d’être recrutés que les étudiants qui ont payé à l’Esp et à l’Iface ? » Il a encore précisé que « tous ceux qui sont sortis de la Fastef dans le cadre de la commande d’enseignants faite par le ministère ont été recrutés. Et même parmi ceux qui ont fait la formation payante, il y a une partie qui a été recrutée. Le reste on n’en a pas besoin ». Selon lui, parmi ceux qui, actuellement, réclament d’être recrutés, la plupart d’entre eux ont fait Histoire-Géo, alors qu’il existe déjà un surnombre dans cette discipline. « La gestion des deniers publics ne commande pas qu’on les recrute », a indiqué le ministre.

Le Soleil.sn

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