Secrétaire général d’OSIRIS
2 oct. 2010
Procès 2.0 pour commissions avec dix zéros
Le procès intenté par Thierno Ousmane Sy, Conseiller spécial du Président de la république pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) contre Abdou Latif Coulibaly, Directeur de publication de l’hebdomadaire La Gazette, suite à sa mise en cause dans l’affaire des 20 milliards de FCFA de commissions qui auraient été versés pour l’attribution de la licence globale à Sudatel, restera sans doute dans les annales judiciaires sénégalaises comme le premier procès 2.0 !
En effet, outre le fait d’avoir attiré une foule considérable comprenant notamment nombre de personnalités comme Abdoulaye Bathily, Moustapha Niasse, Macky Sall, Jean-Paul Dias, Bara Tall, Cheikh Tidiane Gadio, Abdoulaye Elimane Kane, Talla Sylla, etc., ce procès a été couvert en direct grâce à l’utilisation des TIC avec un compte rendu quasiment en direct via le compte Twitter du journal en ligne Pressafrik, sans parler des interviews réalisées au Palais de justice par des reporters et postés dans la foulée sur le blogue Sénégal Médias sur lequel on pouvait également prendre connaissance des tweets de Pressafirk, visionner des vidéos contenant des interviews des parties en cause, voir différentes photos et écouter des reportages audio.
De son côté l’Agence de presse sénégalaise (APS), après avoir consacré sa première dépêche de la journée à une revue de la presse sénégalaise intitulée « Le procès Latif Coulibaly-Thierno Ousmane Sy en attraction », a consacré pas moins de sept dépêches au procès entre 11h32 et 23h40, soit durant douze heures d’affilée, ce qui est tout à fait exceptionnel en terme de couverture d’un évènement de cette nature. Les stations FM n’ont pas été en reste qui ont relayé l’information toute la journée de même que, dans une moindre mesure, les chaines télévision privées.
Les choses ne s’en sont pas arrêtées là puisque dans la salle d’audience, Abdou Latif Coulibaly a eu recours à un ordinateur portable pour soutenir son argumentaire et cerise sur le gâteau, dès le lendemain de l’audience, son mémorandum présenté, sous la forme d’une présentation Power Point et contenant notamment des fac-similés de courriers électroniques échangés entre les protagonistes de l’affaire, des reçus de transfert de fonds, etc., était disponible sur le Web !
Quoi de plus normal dirons certains que ce procès 2.0 portant sur le versement de commissions d’un montant de 20.000.000.000 de Francs CFA, excusez du peu, et mettant en scène le Conseiller spécial du Président de la république pour les NTIC dont le nom revient régulièrement, à tort ou à raison, dans tous les scandales qui secouent le monde des TIC depuis l’avènement du régime de l’Alternance en 2000, de l’affaire Sentel, pendante devant le tribunal du Centre international de règlement des différents liés aux investissements (CIRDI), à l’attribution de la licence globale à Sudatel en passant par les tentatives de vente des actions Sonatel détenues par l’Etat, sans oublier la fabrication des cartes d’identité numériques pour ne citer que les épisodes les plus connus du grand public pour avoir défrayé la chronique.
Pour certains, Thierno Ousmane Sy doit cependant être considéré comme innocent puisqu’il n’a jamais été condamné par un tribunal dans aucune de ces affaires. Pour d’autres cet argument, juste dans son principe ne fait guère le poids face à autre principe qui veut qu’il n’y ait pas de fumée sans feu ! D’ailleurs, comme le rappelait malicieusement un juriste dans une discussion sur la question, Al Capone, le célèbre parrain de la mafia américaine, qui bien qu’ayant commis ou commandité des dizaines de meurtres et été « l’ennemi public numéro un » pendant des années n’avait jamais été condamné par un tribunal jusqu’au jour où il tomba pour une banale affaire de fraude fiscale !
Quelle que soit l’issue de ce procès, dont le délibéré a été renvoyé au 16 novembre 2010, il serait grand temps que la justice décide d’enquêter sérieusement et systématiquement sur ces scandales à répétition qui secouent le milieu des TIC en vue de nettoyer les écuries d’Augias dans un secteur qui joue un rôle moteur dans l’économie sénégalaise.
Olivier Sagna
Secrétaire général d’OSIRIS
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