Alors que les portes du premier Salon de l’innovation et des solutions IT (SISIT), organisé à l’initiative d’Orange Business Service, viennent de se refermer, le moment est venu de se pencher sur l’organisation de ce type de manifestation. En effet, il est pour le moins paradoxal que dans un pays où les autorités insistent depuis plus décennie sur l’importance qu’elles accordent aux technologies de l’information et de la communication (TIC) au point d’avoir fait de ce secteur d’activité un des principaux leviers de la Stratégie de croissance accélérée (SCA) devant conduire le pays vers l’émergence, il n’existe pas de rendez-vous d’envergure internationale consacrée aux TIC.
Cette situation est d’autant plus déplorable qu’il n’en a pas toujours été ainsi et ceux qui s’intéressent à ces questions se rappellent avec nostalgie des quatre éditions d’Afristech, la biennale africaine des sciences et techniques organisée en partenariat avec l’Académie des sciences du Tiers-monde (TWAS) entre 1993 et 1999. Certes, il existe bien quelques manifestations régulières comme le Salon international de l’information et de la communication (SINEC) ou encore la Rencontre d’affaires sur les TIC (MED IT), sans parler des nombreux évènements organisés par telle ou telle structure mais le plus souvent elles ne présentent pas un grand intérêt et s’adressent à un public limité.
Ce qui fait défaut, c’est un grand rassemblement susceptible de réunir l’ensemble des parties prenantes de ce domaine d’activités que sont l’État et ses démembrements (ministères, ADIE, ARTP, CNRA, Trade Point Sénégal, etc.), les organisations d’intégration (UEMOA, CRETEL, COFTEL, CEDEAO, ARTAO, UAT, Union africaine, etc.), le secteur privé (opérateurs de télécommunications, sociétés de services en ingénierie informatique, organisations patronales, organisations professionnelles, etc.), la société civile (associations, ONG, mouvement consumériste, etc.), les investisseurs, le monde de la formation et de la recherche, les médias, les acteurs de la coopération bilatérale et multilatérale sans oublier le grand public. Une telle manifestation représenterait une occasion unique et ce de différents points de vue. Tout d’abord, elle permettrait de faire le point sur les politiques publiques tant à l’échelle nationale, régionale, continentale qu’internationale en matière de société de l’information de manière à en saisir correctement les défis, les opportunités, les contraintes et les limites avec tout ce que cela implique pour un pays comme le Sénégal. En effet, diverses études ont montré que les acteurs de la société de l’information en construction sont peu voire pas du tout informés des cadres existants en la matière.
Pour les uns et les autres, ce serait également une opportunité de présenter leurs savoirs faire, leurs réalisations et leurs projets mais aussi d’échanger sur leurs visions de l’avenir. En effet, les cloisonnements sont tels que souvent les acteurs qui œuvrent pourtant dans le même champ d’activité ignorent largement ce que font leurs homologues, leurs partenaires, leurs concurrents voire même ceux dont la mission est de les accompagner d’une manière ou d’une autre sans parler des besoins de ceux qu’ils sont censés servir.
Pour toute une série d’acteurs, cette manifestation permettrait de concourir à l’indispensable travail de veille permettant de disposer d’une connaissance précise et actualisée de l’état des lieux, d’établir des bilans et de réfléchir à de nouvelles perspectives. Par ailleurs elle serait, pour les entreprises sénégalaises du secteur des TIC, l’occasion de faire le point sur tout ce qui se passe en dehors des frontières du Sénégal, que ce soir à l’échelle de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou de la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mais également et surtout celle du continent africain qui, dans un monde plus en plus globalisé, constitue l’espace dans lequel tout ce qui se veut durable doit désormais se concevoir.
Enfin, pour les chercheurs sénégalais et africains, cet événement offrirait une opportunité de partager les résultats de recherche sur les problématiques liées aux sociétés africaines de l’information en développement et d’entrevoir les possibilités d’entreprendre des recherches dans des perspectives tant comparatives que panafricaines. L’ensemble de ces activités devraient contribuer à l’émergence d’une vision partagée de la société de l’information que l’Afrique souhaite voir émerger et fournir le référentiel pour l’élaboration de politiques plus inclusives.
Olivier Sagna
Secrétaire général d’OSIRIS
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